Nu au graphite sur papier croquis (10 mn)
Partir du pied, à l’extrémité, le point le plus éloigné de moi. Regarder attentivement, ne pas me soucier des raccourcis, juste regarder. Après le pied, le haut de la fesse et descendre doucement le long de la ligne, relevant délicatement les volumes. Mon crayon effleure le papier comme je manipulerais des œufs en neige, en veillant à ne pas les faire retomber. Observer les directions, les proportions et parcourir peu à peu ce territoire de chair, d’ombre et de lumières. Voir en noir et blanc comme si une inversion opérait entre le réel et son suport. Mes joues chauffent, entre ma main et mes yeux, les informations fulgurent dans un intense va-et-vient. Le reste de mon corps se fait discret, presque immobile, légèrement tendu comme pour ne pas gêner l’échange, une sorte de trait d’union entre ce corps et mon crayon. Dix minutes sonnent, le modèle se relève, l’instant s’évanouit.
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